On quitte Uyuni avec l'appréhension de l'étape suivante: la route des lagunes qui relie le sud bolivien au Nord Chili est réputée pour sa difficulté et ses paysages à couper le souffle. Ce n'est pas une route à proprement parler mais une piste, ou plutôt des pistes laissées par les 4x4 de tourisme qui parcourent la région en 3jours. Pour nous c'est plutôt une affaire de 10jours si l'on en croit le topo qu'on a récupéré et qui est la référence de tous les voyageurs à vélo. Nous partageons la route avec Sabrina et Wolfgang, nos copains autrichiens que nous avons retrouvé à Uyuni.


On quitte l'asphalte déjà bien défoncé pour s'engager sur les pistes, on le retrouvera dans une dizaine de jours au Chili. Les vélos sont chargés avec une dizaine de jours d'autonomie de nourriture, du non-périssable principalement: avoine, riz, pâtes, noodles... On s'autorise quand même des oignons et des carottes et un petit mètre cube de cookies pour tenir le coup! Pour l'eau on aura des points d'approvisionnements réguliers.


La piste commence par une petite montée raide et sableuse qui nous met directement dans l'ambiance! Puis les 2 jours qui suivent on prend le pli, les kilomètres défilent lentement, on fait entre 5 et 10km/h de moyenne. Régulièrement le sable nous stoppe et on doit pousser les vélos pour enfin repartir, c'est assez physique. Le vent se lève tôt et ne nous épargne pas, il nous force à faire des virages imprévus et nous envoie dans le sable qui borde la piste. Le froid est aussi de la partie avec des températures négatives quand on se met en selle le matin. La route s'élève au dessus de 4000m d'altitude et notre bonne acclimatation ne nous empêche pas d'avoir le souffle court dans les montées.


Malgré tout ça la route nous semble plus facile que ce que nous ont décrit les cyclistes que nous avons rencontrés, les vélos sont relativement légers et nous sommes bien équipés contre le froid, ça pèse sûrement dans la balance.


Autour de nous les paysages sont incroyables, quelle récompense!! Les plaines au couleurs sable et ocre s'étalent à 360degrés et les volcans autour coupent la ligne d'horizon, il y en a même un qui fume au sommet. Régulièrement on tombe sur des lacs bleu profond peuplés de flamands roses... Magique!!


Le mal de gorge de Nico ne passe pas et sa température monte... On s'impose un stop d'une journée à l'Hotel del Desierto le temps de se refaire!


Au bout d'une journée de repos, nous voilà répartis. La fièvre de Nico est tombée mais la toux persiste...et la fatigue du voyage, additionnée au froid, ne permet pas de se remettre rapidement! On atteint les -7 degrés dans la tente un matin, les gourdes gèlent même si nous les mettons à l'intérieur et le gel fait même exploser les coutures de notre poche à eau!


Nous poursuivons notre route dans les paysages impressionnants de la Laguna Road. Les étapes sont courtes en distance, en raison du terrain difficile : le sable ralentit énormément notre progression et nous impose de nous arrêter fréquemment pour traîner nos vélos...une vraie partie de plaisir! Le vent ralentit également notre route : impossible de rouler l'après midi, il se lève vers 10h-11h et devient de plus en plus violent. Quand on l'a dans le dos , pas de soucis, mais de face ou sur le côté c'est une autre histoire! La journée où le vent est le plus violent est notre avant dernière journée, où nous passons à la Laguna verde : le vent se lève à 7h du matin et devient vite une véritable tempête, à nous faire tomber de nos vélos! Mais quand finalement la route tourne, nous atteignons les 30 km/h sans donner un coup de pédale!


Malgré ces difficultés, nous progressons sur la route en nous emerveillant de ces paysages majestueux : lacs de couleur, geysers, sources d'eau chaude, flamants roses...magnifique! On se sent seuls au monde, à plus de 4000 m d'altitude!


11 jours après avoir quitté Uyuni, nous atteignons le terme de cette étape: San Pedro de Atacama au Chili. Nous quittons la Bolivie avec nostalgie, par une descente impressionnante de 2000m qui nous permet de rejoindre le Chili. Nous retrouvons avec plaisir des températures estivales (plus de 15 degrés de différence entre le haut de la descente et l'arrivée!!!), des fruits et légumes que nous n'avons pas pu transporter durant le périple (trop lourd!), les douches chaudes et Internet. Ouf!