On quitte Villa Cerro Castillo le lendemain avec les jambes lourdes, les quadriceps prennent une leçon d'humilité avec des bonnes courbatures après cette rando même pas si longue que ça. Comme quoi le vélo n'entraîne pas les jambes pour le running ou la randonnée!


Théo nous quitte déjà pour continuer ses vacances plus au Nord, mais nous laisse en bonne compagnie avec du paté bien franchouillard, du chocolat aux noisettes et des chocapics!! On aurait préféré garder Théo mais c'est un bon lot de consolation :-)


Nos autres potes cyclistes Michou et Théo partent plus vite que nous vers le sud, mais c'est sûr on les reverra bientôt.


À partir de maintenant la route n'est plus asphaltée jusqu'au sud du Chili, c'est de la piste en terre et cailloux jusqu'au bout. D'ailleurs elle s'arrête à Villa O'Higgins bien avant le sud du continent, il n'y a tout simplement plus de route ensuite. Quelques centaines de kilomètres plus bas, Punta Arenas est reliée au continent par une route qui passe par l'Argentine, bien que ce soit une ville chilienne.

Pour nous, le voyage continuera en ferry à partir de Villa O'Higgins puis par un sentier de randonnée (à vélo, ça promet d'être sport!) qui nous conduira de l'autre côté de la frontière où l'on trouvera le réseau routier argentin.


Nous avons dépassé les 45degrés sud, et plus nous avançons plus les villages sont petits et éloignés les uns des autres le long de cette route unique. Il nous faut entre deux et trois jours pour relier un village à l'autre en vélo et nous croisons malgré tout quelques rares fermes ou lodges touristiques sur notre parcours dans lesquelles on se ravitaille en eau et en pain frais. Ici chacun fait son pain maison.


Les paysages sont grandioses, d'autant plus que nous sommes maintenant gâtés par la météo: une semaine de grand soleil et ça continue! Les lacs et fjords s'invitent au milieu des collines boisées, sur fond de montagnes enneigées qui portent de beaux glaciers crevassés. En bas, les eaux turquoises des rivières roulent dans les rapides, cette région doit être un petit paradis pour les amateurs de kayak! Les fleurs sauvages bordent la route et donnent à nos journées des odeurs de printemps, toute cette ambiance rappelle les alpages ou parfois la Provence avec ces fleurs violettes.


Mille ou mille cinq cent mètres de dénivelé seulement sépare les fjords des glaciers, nous changeons d'ambiance toute la journée au gré de nos montées-descentes (et il y en a beaucoup!). On monte de 200 mètres et on découvre un univers assez minéral, avec des buissons bas et des petits ruisseaux. On descend de 300m et hop on se retrouve sous le couvert de grands arbres, des herbes sauvages jusqu'au genoux et pourquoi pas une rivière aux eaux transparentes ou un lac pour se baigner... Incroyable!


Le soleil tape fort ici, à cause d'un trou dans la couche d'ozone situé au dessus de la Patagonie paraît-il. En tout cas les rayons de soleil nous réchauffent comme jamais et nous faisons des pauses à l'ombre entre midi et 14h pour laisser passer les heures chaudes. Vive l'été ;-)


On prend une journée de repos à Puerto Rio Tranquilo, qui ne nous repose pas du tout à cause de cette maison à côté qui crache sa musique à fond toute la nuit, puis à cause des pompiers venus éteindre l'incendie de cette même maison, puis à cause du coq du voisin qui prend gentiment le relais... Pas si Tranquilo que ça...

On visite les "chapelles de marbre", qui sont des grottes que les vagues ont taillé dans une falaise de marbre et auxquelles on accède en barque. Le décor est impressionnant, on reconnaît bien les couleurs et motifs du marbre même dans son aspect brut en formes de petites écailles. Il y a même des blocs rocheux d'une dizaine de mètres de haut, posés au milieu du lac et dont toute la masse repose sur les minces piliers de marbres qui séparent les galeries. On traverse le bloc de part en part en passant en barque dans ces galeries, en glissant sur une eau transparente... Ambiance!


Sur la route nous rencontrons beaucoup de touristes en road trip qui nous font des encouragements sympa derrière leurs vitres sans se rendre compte qu'ils nous couvrent de poussière en nous dépassant. On croise aussi quelques voyageurs à vélo bien que la grande majorité avance vers le sud comme nous. De temps à autres on croise des fermiers à cheval toujours accompagnés de leurs chiens bien disciplinés, des vrais gauchos avec les habits typiques!


Aujourd'hui on a passé la barre des 3000km à vélo, ça commence à faire! On se félicite avec des glaces Magnum, des vraies, qu'on trouve dans un boui-boui sur la route, c'est la fête!